06/08/2012
Gabon: Le gang dissout chantre du tribalisme
En août 2009 et après avoir promis qu’on entendrait bientôt parler de lui (sic), André Mba Obame, alias Ange Noir, surprenait les Gabonais en menant une campagne électorale basée essentiellement sur un seul argument : l’ethnie.
Au motif, selon l’ancien ministre de l’Intérieur, qu’étant issu de « la communauté ethnique la plus importante », il ne pouvait pas perdre cette élection.
Et pour bien montrer qu’il ne plaisantait pas, loin de là, il fit diffuser des messages subliminaux à ses ouailles, du genre « Ali veut islamiser le Gabon », ou « Ali n’est pas un Gabonais » bref, tous ces messages et slogans avaient un seul même substrat : « Tout, sauf Ali ».
D’où, avec un zèle à nul autre pareil, certains de ces affidés n’hésitaient pas à déclarer, toute limite franchie : « C’est notre tour, nous allons reprendre notre pouvoir ».
Avec la complicité bien marquée de l’archevêché de Libreville, soupçonné (ou accusé) d’avoir donné des instructions claires, nettes et précises au clergé à travers certaines régions du pays, allant dans le sens de l’orientation du vote des brebis, le jour « J ».
Pour arriver à leurs fins, les chantres de l’ethnisme décrétaient, urbi et orbi, que tous les membres de la communauté qui ne voteraient pas pour Ange Noir, ou qui battraient simplement campagne pour appeler à voter au profit du candidat Ali Bongo Ondimba devaient être bannis. Sinon lapidés.
Trois ans plus tard, nous y sommes ! Ce qui a fait dire à Alain Claude Bilie bi Ze, porte-parole de la présidence de la république (26/6) : « Je ne sais pas en quoi je serais un traitre. J’ai trahi qui ? Le problème de fond est simple : je m’appelle Bilie bi Ze. A ce titre, je devais être avec André Mba Obame et non pas avec Ali Bongo Ondimba. C’est peut être en cela que je serais un traitre ». Et toc !
Il n’a pas tort, Bilie bi Ze. Depuis le 3 septembre 2009, jour de la proclamation officielle de la présidentielle anticipée, tous les « moadzang » réputés proches d’Ali Bongo Ondimba sont voués aux gémonies.
Dont, entre autres, Clémence Mezui, Sébastien Ntoutoume Békalé, Raphael Ntoutoume Nkoghé, Raymond Ndong Sima, Paul Biyoghé Mba, Roger Owono Ngwa etc. Quand ils ne sont pas traités de traitres à la cause (sic), ils sont promis à l’échafaud ou au bûcher. On se croirait aux temps de l’inquisition !
Depuis le 3 septembre 2009, les ouailles d’Ange Noir, toute raison jetée aux orties, tiennent assènent le même cantique : « On nous a volée notre victoire ». Mais de quelle victoire s’agit-il, bon sang !
Tous ceux qui avaient suivi la campagne menée par Ali Bongo Ondimba et Ange Noir l’avaient relevé : quand le premier labourait le terrain du nord au sud et de l’est à l’ouest, aidé en cela par la puissante machine à gagner les élections qu’est le PDG (et ses satellites), le second, auréolé de son expérience d’ancien ministre de l’Intérieur, avait préféré assurer le service minimum car, pensait-il, il lui suffisait de faire le plein dans le Woleu-Ntem et l’Estuaire, principalement Libreville, pour rafler la mise.
Drôles d’analyse et de stratégie de la part d’un prétendu génie ! Résultat des courses, il arriva largement derrière Ali Bongo Ondimba dans le « Sud », tandis que le même Ali Bongo Ondimba réussit à glaner des voix dans le Woleu- Ntem (12%) et dans la province de l’Estuaire.
Voilà la troublante réalité qu’avait minimisée Ange Noir qui, comme à son habitude, croyait pouvoir ruser pour s’accaparer du pouvoir.
D’ailleurs et s’il le souhaite, qu’il daigne donc se présenter contre Ali Bongo Ondimba en 2016, les observateurs lui prédisant déjà une seconde déculottée, notamment dans l’ensemble des provinces dites du « Sud » où sa campagne de 2009 a laissé des traces et des souvenirs pas toujours reluisants.
Au lieu de s’époumoner sur l’inaudible appel à la tenue d’une conférence nationale souveraine qui lui assurerait un retour au banquet de la république, Ange Noir gagnerait à se doter d’une machine politique susceptible de lui permettre de battre campagne en 2016 sur l’ensemble des neuf provinces que compte le Gabon, le coup d’éclat de 2009 ayant vécu.
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