06/08/2012

Gabon: Nos hommes politiques ont-ils des convictions ?

 

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Cette question mérite d’être posée, au regard des mouvements des hommes politiques depuis 1990 jusqu’à ce jour.

La conviction, d’après le Larousse, est une certitude, une croyance ferme. C’est avoir la foi. En se référant à la définition du dictionnaire, on serait tenté de se demander qui, au Gabon, nourrit et entretient des convictions.

Cette interrogation concerne aussi bien les hommes politiques de la majorité que ceux de l’opposition. En effet, en jetant un regard rétrospectif, juste après la conférence nationale de mars-avril 1990, on se rend compte que les convictions n’ont jamais existé chez nos hommes politiques.

Nous sommes même tentés de dire comme Charles Maurice de Talleyrand Périgord : « En politique, il n’y a pas de convictions, il n’y a que les circonstances ».

Si la conviction est une certitude, une croyance ferme, nous ne pouvons donc pas accepter que Paul Mba Abessole, Paul Biyoghé Mba, Louis Gaston Mayila, Zacharie Myboto, André Mba Obame, René Ndémézo’Obiang, pour ne citer que ceux-là, aient jamais eu une moindre conviction dans leur engagement politique.

Tant nombreux parmi ces compatriotes sont ceux qui ont milité dans des mouvements estudiantins proches de l’opposition de l’époque (AGEG, FEANF…). Mais une fois rentrés au pays, ils ont, sans la moindre résistance et sans état d’âme, massivement adhéré au Parti démocratique gabonais.

D’autres par contre, ont fait semblant de créer des partis dits de l’opposition, avant de tendre les bras au même PDG qu’ils prétendaient combattre.

Ces va-et-vient n’avaient aucun autre objectif que d’attirer l’attention de celui qui nommait aux plus hautes fonctions de l’Etat, Omar Bongo Ondimba.

En les prenant au cas par cas, vous comprendrez, très aisément, que nos hommes politiques, ou plutôt nos politiciens ont toujours été guidés par l’appât du gain et non par une quelconque conviction.

C’est le cas de Paul Mba Abessole. Champion des pirouettes, il n’a surpris que ceux qui voulaient être surpris.

En 1990, à l’issue de la conférence nationale, il crée avec d’autres compagnons le Morena des bûcherons, qui deviendra plus tard le Rassemblement national des bûcherons. Suite à un conflit juridique l’ayant opposé à son ancien lieutenant , le professeur Pierre André Kombila, il va créer le rassemblement pour le Gabon.

Entretemps, il avait déjà abandonné les rangs de l’opposition pour aller échouer dans ceux de la majorité présidentielle qu’il avait pourtant qualifiée de « Majorité façon, façon » ( s i c ) .

Devenu proche collaborateur d’Omar Bongo Ondimba, l’homme ne va pas se gêner pour laisser s’exprimer sa boulimie d’argent et étaler son penchant pour la bonne chair. Où était sa conviction ?

Paul Biyoghé Mba, alors proche collaborateur d’Omar Bongo Ondimba et membre influent du PDG, quitte ce parti avec fracas pour aller créer sa propre chapelle politique, le Mouvement commun de développement (MCD) . Quelques années plus tard, il dissout son MCD pour revenir, ô damnation !, dans « la maison du père », le PDG Où était passée sa conviction ?

Comme lui, Louis Gaston Mayila s’était essayé à ce yoyo. Proche collaborateur du même Omar Bongo Ondimba, Mayila faisait la pluie et le beau temps au palais présidentiel, au point de revêtir la veste de gendre du chef de l’Etat . Suivez notre regard…

Mais piqué par on ne sait quelle mouche tsétsé, il quitte le PDG pour aller créer son propre parti, le Parti de l’unité du peuple (PUP). Quelques années plus tard, retour dans la maison du père ! Où était passée sa conviction ?

Certes, les Mba Obame, Eyéghé Ndong, Oyé Mba, Missambo etc. sont un mélange des genres qu’on ne peut situer pour l’instant, tant cette alliance sent le faux à dix milles lieues, et transpire l’opportunisme.

Bref, c’est là un bel attelage hétéroclite, entre gens qui ne se sont jamais aimées d’amour, à l’exception de deux d’entre elles . De l’avis général, ce qui les rassemble se résume en peu de mots : « Tout, sauf Ali ». C’est pour vendre ce projet de société aux gabonais qu’ils avaient créé leur machin dénommé Union nationale.

Or la roublardise étant pour nombre d’entre eux une seconde nature, le 25 janvier 2011 soit deux ans après la présidentielle de 2009, André Mba Obame va mettre son génie à contribution pour jeter le bébé, avec l’eau du bain.

D’où la dissolution du parti, sur décision du gouvernement de la république en date du même jour. Car pour Ange Noir, le plus important était à venir : liquider politiquement ses compagnons pour rester seul, face à « son frère » Ali Bongo Ondimba.

Pour un analyste de la vie politique locale, « l’attelage Union nationale ne pouvait prospérer tant les antagonismes et les comptes entre partenaires n’avaient jamais été soldés . AMO est accusé d’avoir chassé Myboto du gouvernement, et d’avoir savonné la planche à Missambo. C’est le même qui est soupçonné d’avoir obtenu la peau d’Oyé Mba lors des accords de Paris ». Sans blague !



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