21/06/2012

SOMMET RIO+20 : ALLOCUTION DU PRÉSIDENT ALI BONGO ONDIMBA

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Excellence Madame le Président de la Conférence ;

Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement ;

Excellence Monsieur le Président de l’Assemblée Générale des Nations Unies ;

Excellence Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies

Monsieur le  Secrétaire Général de la Conférence ;

Mesdames et Messieurs ;


Le Gabon est honoré de prendre part à cette conférence historique.

Madame le Président Dilma Roussef, je vous félicite de son excellente organisation. Je vous remercie ainsi que le Peuple brésilien de l’accueil chaleureux qui a été réservé à ma délégation et moi-même.

Je félicite le Secrétaire Général des Nations Unis, le Secrétaire Général de la Conférence, et tous nos négociateurs qui ont œuvré pour que nous puissions, j’en suis sûr,adopter une déclaration de consensus.

Je salue le rôle déterminant du Président Denis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo, pour le travail accompli au nom de l’Afrique.


Madame le Président, Mesdames et Messieurs,


Il y a 20 ans ici à Rio, lors du Sommet de la Terre, le Président du Gabon, mon prédécesseur, disait, je cite :

« En Afrique, la conscience de notre retard, notre désir de décoller à tout prix, et une forte incitation à le faire rapidement, nous ont conduits à laisser s’installer un système peu rationnel d’exploitation de nos richesses. Nous commençons seulement à en mesurer l’ampleur et les conséquences. »


Madame le Président

Au cours des vingt dernières années, nous avons travaillé durement pour faire avancer l’agenda fixé à Rio en 1992. Cependant l’engagement requis de nous tous d’adopter des pratiques environnementales, économiques et sociales durables ne s’est pas concrétisé

L’Afrique est sur le chemin d’une renaissance longtemps attendue. Les défis auxquels nous faisons face aujourd’hui nourrissent le sentiment profond d’une action urgente et décisive. Et nous ne devons pas laisser compromettre nos efforts des 20 dernières années par des crises environnementales et par l’instabilité économique et financière.

Nous voilà réunis à nouveau à Rio. Notre tâche est de planifier le cours nouveau d’un développement durable et harmonieux, en intégrant la lutte contre le changement climatique, la préservation des ressources naturelles et le développement des  économies vertes dans nos  stratégies de réduction de la pauvreté.

Nos populations, notre jeunesse, tous lèvent les yeux vers nous tous pour voir les résultats d’un engagement renouvelé  et notre résolution à agir.


Madame le Président

En 2009, le Peuple  Gabonais m’a élu sur un programme dans lequel le développement durable était la charnière centrale. J’ai  participé la Conférence sur le Changement  Climatique de Copenhague et me suis engagé à poursuivre une voie de développement à faible émission de carbone au Gabon.

En 2010, j’ai accepté d’appliquer le Traité de Nagoya que le Gabon fut le premier pays à ratifier formellement quelques mois plus tard.

Je suis venu à Rio pour contribuer à notre action concertée et faire avancer le développement durable  dans une voie nouvelle, plus pratique et à la hauteur des nouveaux défis auxquels nous sommes tous confrontés aujourd’hui.

Nos actions devraient découler de notre volonté de penser globalement et d’agir collectivement.


Madame le Président

Permettez-moi de témoigner des efforts de mon pays.

Depuis Rio1992, le Gabon s’est efforcé de créer  un cadre institutionnel pour le développement durable avec la  conviction que notre croissance devrait s’enraciner dans la gestion responsable de notre patrimoine naturel.

Sur le plan législatif, nous avons  adopté une Loi sur la Forêt en2001, pour rendre obligatoire les plans de gestion durable pour toutes les concessions forestières.

En plus, nous avons classé 21% de notre territoire en aires protégées.

En conséquence, la couverture forestière au Gabon est restée stable à 88%, et notre taux de déforestation est inférieur à 0.1%.

Les émissions de dioxyde de carbone émanant de la déforestation et de la dégradation forestière entre 2001 et 2010 étaient de 450 millions de tonnes de moins que durant la période de référence 1990 -2000, soit une indication minimale de la valeur que nos efforts représentent pour l’environnement mondial.

Plus récemment, j’ai créé le  Ministère de l’Economie et du  Développement durable, de même que le Conseil interministériel sur le Climat, que je préside personnellement, de manière à renforcer la cohérence de nos politiques et à améliorer notre structure de gouvernance.

Nous avons achevé l’élaboration de notre Plan Climat juste avant la COP 17 à Durban et nous travaillons à présent sur un plan national consolidé d’affection des terres  qui sera ancrée dans une nouvelle loi.

Un nouveau Code pour le Développement durable, qui traduira nos ambitions et politiques en action, est actuellement en  discussion au Parlement.

La nouvelle législation porte sur les moyens de mise en œuvre. Elle prévoit la création d’un registre national  des Crédits du Développement durable, en créant un mécanisme pour compenser tous les impacts négatifs des projets de développement. En outre, elle intégrera le capital naturel dans notre système national de comptabilité, en conformité avec la récente déclaration du Sommet de Gaborone sur le Développement durable.


Madame le Président

Notre objectif global est d’impulser une croissance à faible émission de carbone par le biais d’investissements tenant compte de la responsabilité  environnementale, tout en créant des infrastructures et des emplois, devrait nous aider à instaurer un nouveau modèle de développement.  qui  intègre le bien-être humain, l’équité sociale, la croissance durable et la conservation environnementale. 

Pour leur crédibilité, ces politiques requièrent  des investissements adéquats dans les outils  scientifiques pour  évaluer, surveiller et mesurer leurs impacts et résultats.

Nos efforts ont bénéficié du soutien de nos partenaires. Nous sommes reconnaissants à la France et au  Brésil, qui nous aident à mettre en place une station d’acquisition d’images satellite, AGEOS. Cela comblera l’énorme fossé en matière de couverture globale de télédétection dans le Bassin du Congo. Nous allons fournir des images à presque toutes les Nations Africaines de forêt tropicale humide, en permettant la surveillance de la  déforestation et des autres changements dans l’utilisation des terres.  


Madame le Président

Au cours des 20 dernières années, je crois que mon pays a fait des efforts louables. Mais il reste beaucoup à faire.

Nous n’avancerons pas vers l’avenir que nous voulons si nous n’adoptons pas une approche plus  holistique du développement durable avec un accent équilibré sur l’équité sociale et la réduction de la pauvreté ainsi que sur l’environnement.

Comme leaders nous avons une responsabilité collective, une responsabilité commune mais différenciée. Il y a 20 ans nos prédécesseurs ont pris un engagement fort de s’attaquer aux défis communs auxquels nous faisions face. Aujourd’hui, la tâche est la nôtre.

Nous sommes ici pour renouveler notre engagement politique d’agir sur le développement, avec une nouvelle vision basée sur une approche équilibrée, plus forte et sur des institutions mondiales plus efficaces et des ressources plus adéquates pour la mise en œuvre. Nous savons tous que les engagements antérieurs n’ont pas toujours été tenus. Nous ne pouvons pas continuer sur cette voie, lorsque tant de jeunes dans nos pays sont en quête de solutions.

Les peuples d’Afrique attendent que nos  actions apportent des solutions aux problèmes que sont :

· la sécurité alimentaire et la productivité agricole;

· les crises financières mondiales et la récession économique;

· les pénuriesd’eau;

· les crises énergétiques;

· les crises environnementales;

· et la détérioration de la biodiversité.

Une économie durable qui intègre le capital social, le capital naturel et le capital économique est la seule réponse.

Au moment où nous nous efforçons d’arriver à une définition commune de l’économie verte, au Gabon, nous sommes préparés à saisir les  opportunités offertes par l’économie verte dans le double combat contre la pauvreté et pour un environnement durable.

Bien plus, nous devons tous nous engager à reformer et à renforcer les institutions internationales qui œuvrent pour le développement durable, notamment l’ECOSOC, et nous devons initier la transformation de l’UNEP en une organisation pleinement déployée à Nairobi.

Le développement durable exige que nous établissions des moyens  effectifs de mesure du progrès et des résultats. Pour ce faire, nous devrons comptabiliser le capital social et naturel en sus des indicateurs de développement  économiques classiques.

Dans ce processus, nous devons assurer une transition appropriée des OMD à un nouvel ensemble d’objectifs qui prennent en compte les nouveaux défis du développement durable.

Nous devons agir de manière solidaire et trouver des ressources additionnelles pour nous attaquer aux défis actuels et futurs.

Les engagements du passé doivent être tenus mais nous devons aussi  examiner les moyens d’accroître les ressources grâce à des mécanismes de financement innovateurs.

En conclusion, Madame le Président, je lance un appel à tous pour agir avec  détermination et vision.

Nous devons agir ensemble comme une communauté globale, dans un esprit de solidarité internationale  et un principe directeur de responsabilité partagée.


NOUS NE POUVONS PLUS NOUS PERMETTRE DE CONJUGUER LE FUTUR DE LA PLANETE AU CONDITIONNEL.  IL NOUS FAUT AGIR MAINTENANT !


Merci beaucoup.


 

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