26/06/2012

GABON-OPPOSITION/POUVOIR : LE CONTENTIEUX MATRIMONIAL...

 

gabon,ali bongo,can 2012,sylvia bongo,michel ogandaga,libreville,paris,bénin,burkina faso,sénégal,cameroun

André Mba Obame , Zacharie Myboto et de Jean Eyeghe Ndong. 

 

gabon,ali bongo,can 2012,sylvia bongo,michel ogandaga,libreville,paris,bénin,burkina faso,sénégal,cameroun


La rencontre imminente entre Zeus et François Hollande, prévue pour la première semaine du mois de juillet, a plongé l’ « opposition véritable » dans une consternation terrible.

Même sa « société civile véritable » a perdu sa verve au point que le « Grand de ce monde » est porté disparu. Et au-delà toute cette bérézina, c’est la crédibilité de toute l’opposition qui est remise en cause.

Depuis le décès d’Omar Bongo Ondimba en 2009, le Gabon est sous les projecteurs de la communauté internationale. Davantage sous ceux de la France, premier partenaire économique et ancienne puissance colonisatrice.

Une France qui, au regard de ses intérêts économiques, va bien au-delà de la simple observation. Cela du fait même des accointances interpénétrées, c’est-à-dire, profondes et solides, entre les personnalités politiques des deux pays.

Vis-à-vis de la France, le Gabon n’est pas une exception en tant que telle. Sauf que contrairement à d’autres, le Gabon traîne, depuis 1990, une tare dans la structuration d’une alternative politique.

Les rassemblements identitaires des années 1990 à 2000 n’ont pas aidé à la présentation d’une offre politique pouvant mobiliser bien au-delà des frontières tribales ou claniques.

En clair, il n’est pas apparu, en dehors de quelques slogans propagandistes, un contentieux idéologique net, fixant clairement la rupture entre ce qui se faisait et ce qu’on proposait de faire.

A cette aridité idéologique, s’était ajoutée une stratégie suicidaire de morcellement de l’électorat populaire par patois cloisonnés. Conséquence logique, dirait-on, de ce qui a été dit plus haut : la constitution de rassemblements identitaires comme base de partis politiques.

Et ce ne sont pas des unions hétéroclites comme le FUAPO (Front uni des Associations et Partis de l’opposition), la COD (Coordination de l’opposition démocratique) et le HRC (Haut Conseil de la Résistance) qui auraient pu éteindre les vieux conflits d’ambitions et le tribalisme rampant. Evidemment, une telle opposition n’avait aucun avenir.

En son temps, « La Griffe » l’avait écrit et l’avenir a fini par nous donner raison. Non pas parce que les leaders étaient dépourvus de talent et qualités d’homme d’Etat, mais tout simplement parce qu’ils n’avaient présenté aucune offre politique sérieuse, se bornant à pérorer sur la longévité du régime et la mauvaise gestion.

Or, il a suffi d’un gouvernement pour la démocratie, issu des Accords de Paris, et de quelques mairies pour montrer que les donneurs de leçons étaient des criminels qui s’ignoraient. La faiblesse de l’esprit et la cupidité les ayant précédés.

Aujourd’hui, et avec la particularité du contexte, il y a de quoi se perdre froidement. D’abord, par la qualité des membres de la nouvelle opposition, dite « opposition véritable ».

Ensuite, par l’illisibilité du contentieux politique qui devrait marquer la différence entre ce qui se faisait, ou plutôt ce qu’ils ont fait, entre ce qui se fait et ce qu’ils proposent.

Commençons par la composition de cette opposition, c’est-à-dire « véritable » et « non-véritable ».

Dans la première catégorie, trois personnes font la pluie et le beau temps. Il s’agit du président de la défunte UN, Zacharie Myboto, d’André Mba Obame et de Jean Eyeghe Ndong.

Fabriqué de toutes pièces par Omar Bongo Ondimba, cet enseignant a longtemps été le numéro 2 régime, avec plus d’une vingtaine d’années de présence ininterrompue au gouvernement.

Une longévité acquise du simple fait qu’il avait réussi l’exploit de faire de sa fille, la dénommée Chantal Myboto, la maîtresse d’Omar Bongo Ondimba.

Le terme maîtresse est bien peu quand on sait qu’une dot a même été versée et n’a jamais été remboursée.

Ce qui, sur le strict plan coutumier, veut tout simplement dire que Chantal était l’épouse d’Omar Bongo Ondimba, président de la République et chef de cet Exécutif dont sieur Zacharie Myboto, père de Chantal, était membre en tant que ministre d’Etat.

Ministre d’Etat et beau-père du chef de l’Etat, Zacharie se permettait tout. Les Myboto s’offraient tout : l’opulence, l’impunité et l’arrogance.

On veut bien croire à la virginité de cette famille , mais quelques zones d’ombre persistent dans la gestion de Zacharie et l’enrichissement de sa fille à la vitesse du son. Cette jeune dame serait aujourd’hui « la femme la plus riche du Gabon ».

Et parmi ces zones d’ombre, il y a ces fameux marchés obscurs avec une société française du temps où il était ministre de l’Information.

Il y a également cette pratique qui permettait au ministre des TP, Zacharie Myboto, de confier, de gré à gré, des marchés de matérialisation horizontale des chaussées nouvellement livrées à une société appartenant au fiston Serge Myboto.

Pour s’enrichir, les Myboto ne se sont pas gênés. En toute illégalité et en toute impunité ! Une impunité garantie par un statut de belle-famille présidentielle.

Belle-famille dont le chef Zacharie nourrissait des ambitions présidentielles. Et c’est en se présentant au scrutin de 2005 que tout le monde avait fini par comprendre que l’introduction de sa fille dans la vie d’Omar Bongo Ondimba n’était qu’un placement dans ce qu’il faut bien appeler la bourse politique.

Un placement dont la valeur va s’effondrer brutalement lorsqu’Omar fera plutôt le choix d’Oyo plutôt que celui de Mounana. Un investissement en pure perte. Pour Myboto, disons carrément pour les Myboto, ce sera le point de rupture.

Que l’on explique alors aux Gabonais et à la communauté internationale, en quoi ce contentieux purement matrimonial peut être assimilé à un contentieux idéologique ?

En quoi, sincèrement, ce différend sentimental doit être aujourd’hui le socle d’une alternative politique ?

Il en est de même pour André Mba Obame. Avant de faire son entrée au Palais et dans le gouvernement, Mba Obame était un démuni, au point même que lors de son premier mariage, c’est son parrain Léon Mebiame Mba qui avait supporté tous les frais.

C’est donc aux affaires qu’il s’est enrichi. Immensément et insolemment.

Comme Myboto, il a juste attendu le départ des Myboto et la maladie de la pauvre Edith pour placer, sans le moindre scrupule, sa propre nièce. Jean Boniface Assélé l’avait publiquement révélé et tout le monde le savait depuis lors.

Le ministre d’Etat André Mba Obame était ainsi dévenu le beau-père du chef de l’Etat en encaissant une dot de 50 millions cfa de dôlès.

Avec ce qui s’est passé en 2009, on a finalement compris que Mba Obame était sur la même ligne que Myboto : la présence de sa nièce au Palais, participait également de l’investissement politique.

Et comme cet investissement n’a pas non plus prospéré, le clash avec les Bongo Ondimba était, là encore, inévitable.

Avec la campagne et le tribalisme qui l’a soutenu, ce choc a été autant frontal que brutal. Avec l’agressivité et la haine qui habitent encore Mba Obame et les siens, combinées à l’animosité des Myboto, c’est désormais le magma.

Là encore, la question mérite d’être posée : en quoi cet autre contentieux matrimonial peut-il se parer du manteau d’opposition idéologique ?

En quoi les Gabonais doivent-ils être mêlés à un conflit unilatéralement déclenché par quelqu’un qui a luimême fait le choix de chosifier sa dignité d’oncle, c’est-à-dire de père, en jouant avec son propre sang à la roulette russe ?

Quant à Jean Eyeghe Ndong, il n’est pas non plus loin de cette logique même si, de façon directe, « le dernier Premier ministre d’Omar Bongo Ondimba », comme il adore s’en vanter, n’a pas un contentieux avec le régime dont il fut tout de même un grand baron.

Un régime qui lui a tout aussi permis de se construire quelques châteaux et de s’engraisser, notamment lors des deux éditions des fêtes tournantes 2006-2007 dans la province de l’Estuaire.

Jusqu’à présent, on n’a toujours pas trouvé la moindre trace des 100 milliards cfa de dôlès décaissés. Grisbi qu’il a personnellement géré en sa qualité de Premier ministre.

C’est un peu indirectement qu’il a créé un contentieux avec le régime. La fille Eyeghe Ndong étant unie avec le fils Myboto, c’est donc par alliance que le contentieux des Myboto est devenu celui d’Eyeghe Ndong.

Mais dans tous les cas, tout cela relève du matrimonial et non de la politique. Et comme les problèmes de coeur ont toujours un côté dramatique, on comprend aisément cette acrimonie qui transpire dans les actes que pose notre trio.

Ils n’ont jamais été dans la politique, ils sont dans la haine passionnelle.

Tout le contraire d’un Casimir Oyé Mba qui n’a jamais joué avec sa dignité de père en misant au poker-menteur une seule de ses filles et qui aujourd’hui continue de faire la politique avec la raison et non avec le coeur.

Elle reste donc attendue, la démonstration qui apportera la preuve rationnelle que l’association de trois contentieux matrimoniaux peut sérieusement faire l’objet d’une offre politique à même d’incarner une alternative crédible.


Source : LA GRIFFE DU VENDREDI 22 JUIN 2012

 

Les commentaires sont fermés.