24/09/2012

Gabon: DISCOURS DU PRÉSIDENT ALI BONGO ONDIMBA AUX NATIONS UNIS

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Excellence Monsieur le Président,Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,Excellence Monsieur le Secrétaire général, Mesdames, Messieurs,

 

Je suis honoré de prendre la parole à cette réunion historique sur l’état de droit aux niveaux national et international. Je vous félicite, Monsieur le Président, de l’organisation de ce débat de Haut niveau ; de même que le Secrétaire général, S.E.M. Ban Ki-moon, pour l’action des Nations Unies dans la promotion de l’état de droit.

 

Je voudrais d’emblée réaffirmer l’attachement profond de mon pays à l’état de droit, à la démocratie et aux droits de l’Homme, ainsi que notre volonté politique à œuvrer pour leur consolidation.   

 

Monsieur le Président,

 

L’état de droit est aujourd’hui un idéal et une aspiration universels, largement partagés par les Peuples et les gouvernements. 

 

Aussi, je demeure convaincu que le renforcement durable de l’état de droit ne peut se réaliser dans un pays s’il ne règne ni un climat de paix, ni un processus de développement économique équitable. Les éléments du triptyque paix, développement et état de droit sont interdépendants.  Notre attachement à l’état de droit et à la démocratie a toujours guidé la vie politique nationale au Gabon. En 1990, lorsque mon pays a rétabli le multipartisme, nous avons créé de nouvelles institutions. 

 

Leur solidité a été testée et mise à l’épreuve en 2009, lorsque le Gabon a traversé et réussi une transition politique délicate, qui a été saluée par la communauté internationale. 

 

Ces institutions nous permettent aujourd’hui de poursuivre la consolidation de l’état de droit, qui est également un pilier de la vision d’un Gabon émergent à l’horizon 2025, que j’ai proposée aux Gabonais. 

 

Monsieur le Président,

 

Si la démocratie et l’état de droit doivent se renforcer mutuellement, il est essentiel que l’action politique dans un pays repose sur le respect des règles et des lois qui lui donnent sa légitimité. C’est dans ce sens que j’ai récemment rappelé devant le Parlement Gabonais, qu’en démocratie, le dialogue politique n’est possible que dans le respect des institutions et des lois du pays ; et dans le respect de ceux qui les incarnent.

 

C’est aussi dans cette perspective que je viens de relancer  les activités du Conseil National de la Démocratie, un cadre institutionnel important du dialogue démocratique au Gabon. Depuis sa création, cet organe est toujours présidé par une personnalité de l’opposition.    Monsieur le Président,

 

Dans tout pays, la consolidation de l’état de droit repose sur une justice indépendante et impartiale permettant de garantir  la paix sociale et la sécurité, de protéger les droits des plus vulnérables, et de prévenir les extrémismes et l’intolérance.Cette conviction m’a amené à initier de profondes réformes qui visent à rendre les institutions judiciaires plus cohérentes, plus efficientes, plus transparentes, plus accessibles et plus équitables. 

 

A ce titre, nous avons adopté des lois visant à protéger les droits des femmes et des enfants pour lutter contre les discriminations ancrées dans les pesanteurs culturelles. C’est le cas du nouveau régime judiciaire de protection des mineurs qui permet de lutter contre le trafic des enfants. Le Gabon a aussi initié la Résolution 65/189 de l’Assemblée générale sur l’institutionnalisation d’une journée internationale de la veuve. Les acteurs sociaux au Gabon telle que la Fondation que préside la Première Dame participent à tout cet effort. 

 

Monsieur le Président,

 

Le Gabon poursuit d’autres réformes importantes au niveau national, notamment :

L’introduction des registres biométriques pour améliorer l’état-civil et renforcer la transparence des élections.  

La réorganisation de l’administration chargée de l’habitat et du cadastre, afin de protéger le droit à la propriété foncière.

La lutte contre les violations de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) et les autres conventions de protection de l’environnement et de la biodiversité.

 

Monsieur le Président,

 

La lutte contre la corruption qui entrave l’accès équitable de tous aux services publics et mine les efforts de développement est au cœur de mon action. Je rappelle que le Gabon a ratifié la Convention des Nations Unies contre la corruption. Mon pays s’est doté d’une Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite et d’une Agence nationale d’investigation financière. Cette commission élabore déjà une stratégie nationale de lutte contre la corruption, avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le Développement. De même, pour renforcer la gouvernance et l’obligation de reddition, nous participons à l’Initiative sur la Transparence dans les Industries Extractives (l’EITI). Nous avons également révisé les procédures de passation des marchés publics et conduit un audit de la fonction publique et du secteur pétrolier. 

 

 

 

Mais la lutte contre la corruption est une entreprise de longue haleine qui nécessite une coopération reposant sur un dialogue avec les différents partenaires et une appropriation au niveau national. 

 

Monsieur le Président,

 

Les défis auxquels la communauté internationale fait face aujourd’hui appellent un renforcement de l’état de droit au niveau international. Notre action nécessite une approche qui repose avant tout sur une affirmation de la souveraineté des Etats et la reconnaissance de leurs droits. Ce qui appelle à la nécessité d’appréhender l’état de droit dans sa double dimension nationale et internationale.

 

Mais disons-le aussi : l’état de droit ne peut être renforcé  sans volonté politique de rendre plus équitables et plus démocratiques la gouvernance et les institutions globales. C’est pourquoi le Gabon reste convaincu que l’Afrique doit être justement représentée au sein d’un Conseil de sécurité réformé. Par ailleurs, nous pensons qu’un meilleur fonctionnement du Conseil des droits de l’Homme nécessite un dialogue plus constructif entre les Etats. C’est fort de cette conviction que le Gabon souhaite briguer dès janvier 2013 un nouveau mandat au sein de cet important organe.  

 

Dans ce même esprit, nous poursuivrons notre coopération avec les organes chargés d’appliquer la justice pénale internationale afin de lutter contre l’impunité et la criminalité transnationale organisée. Cette criminalité organisée touche de plus en plus l’environnement et la biodiversité à travers le braconnage et la pêche illégale. Le Gabon entend renforcer sa justice nationale pour lutter contre ce phénomène. Mais une telle lutte appelle le renforcement de la coopération judiciaire internationale.

 

Monsieur le Président,

 

Il convient de souligner qu’il n’y a pas un modèle unique de renforcement de l’état de droit. Aussi, tout en réaffirmant notre engagement politique commun, nous devons également promouvoir le dialogue et de nouvelles approches de coopération entre les Etats. A cet égard, les pays en sortie de crise et de conflit sont une priorité. C’est pourquoi j’appelle à mobiliser davantage de ressources en faveur de ces Etats. 

 

J’encourage en outre, le renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales ainsi que le maintien  de séances plénières périodiques de l’Assemblée générale pour examiner la question du renforcement de l’état de droit. 

 

Pour terminer, Monsieur le Président, j’exprime l’adhésion de mon pays à la déclaration qui sera adoptée au terme de ce débat. 

 

Je vous remercie.


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