28/06/2012
Le Gabon brûle cinq tonnes d’ivoire pour protéger les éléphants
Libreville, 27 Juin 2012 - Le Président Ali Bongo Ondimba a mis le feu à un bûcher contenant 5 tonnes d’ivoire issu du braconnage au cours d’une cérémonie publique devant des journalistes et des représentants du WWF ( World Wildlife Fund ).
Ce geste hautement symbolique, pratiquée pour la première fois en Afrique Centrale, était destinée à envoyer un message fort aux braconniers et à la communauté internationale.
Ce sont au total 4.825 kilogrammes d'ivoire, dont 1.293 pièces brutes majoritairement composées de défenses et 17.730 sculptures en ivoire qui ont ainsi été incinérées. Le WWF a precisé que cette quantité d’ivoire représentait près de 850 éléphants tués et le l’Agence Nationale des Parcs Nationaux du Gabon (ANPN) a estimé la valeur de ce bûcher à 5 milliards de F CFA ( 7,5 millions d'euros ), à raison de 2.000 à 2.500 dollars le kilogramme sur le marché noir asiatique.
Préserver les ressources de l’avenir
Le Président de la République Gabonaise Ali Bongo Ondimba a ainsi expliqué cette décision de brûler l'ivoire en mettant les bénéfices de lutter pour la protection de la biodiversité : " L'éléphant vivant vous rapporte plus que mort. En termes économiques, le développement du tourisme, qui va être important au Gabon, demande que nous puissions préserver notre faune et notre flore ".
" Ce que nous sommes en train de faire, en dehors de la valeur symbolique, a une réelle valeur de préservation économique ", a-t-il ajouté. " Il faut traduire le capital naturel en termes de revenus et le transmettre à nos futures générations ".
Outre l’importance de ce geste pour protéger la faune et préserver ainsi le potentiel de développement du tourisme dans le pays, il s’agit d’un signal de détermination envoyé à la communauté internationale par les autorités gabonaises et qui renforce la crédibilité du pays dans ce domaine.
Cette destruction d’une richesse estimée à 7,5 millions d’Euros n’est ainsi qu’apparente puisque cet ivoire issu du braconnage n’aurait pu être vendu par le Gabon selon les normes du CITES (Convention sur le commerce internationale des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) et a en contrepartie value à l’Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN) de recevoir des fonds en continuelle augmentation de la part des bailleurs de fonds internationaux (5,6 million USD en 2011, 9 millions USD en 2012 et 13 millions USD prévus pour 2013). Ces fonds sont utilisés pour la valorisation des parcs et le développement d’activités permettant ainsi une création de richesses et d’emplois pour les Gabonais.
Le Gabon compte environ 50.000 éléphants et selon le directeur de l'ANPN, Lee White, " l'Afrique forestière a perdu 80% de ses éléphants ces derniers 20 ans " et le Gabon, " avec 13% du Bassin du Congo, a plus de 50% des éléphants de forêt ".
Intensifier la lutte contre le braconnage
Le chef de l’Etat gabonais a également promis d'étudier avec le ministère de la Justice un durcissement des peines contre le braconnage, après avoir déjà des pris des mesures pour intensifier la lutte sur le terrain.
En avril 2011, le Président Ali Bongo Ondimba avait en effet annoncé la création immédiate d’une unité militaire avec pour mission de sécuriser les parcs du Gabon et de protéger la faune et la flore sauvage, notamment contre le braconnage et le trafic illégal d’ivoire.
Cette mesure avait fait suite à la découverte, le 6 avril 2011, par des agents de l’Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN) d’une trentaine de carcasses d’éléphants de forêt qui sembleraient avoir été tués récemment dans la réserve de Wongo Wongué, à une centaine de kilomètres au sud de la capitale Libreville.
Le Gabon avait déjà pris en mars de cette année la décision de classer l’éléphant de forêt comme espèce « intégralement protégée » en raison d’un niveau de braconnage jamais atteint jusqu’à présent.
" L'incinération est importante, c'est un symbole. Cela envoie le message que le Gabon a zéro tolérance pour le braconnage et qu'il n'est pas intéressé par le commerce de l'ivoire mais par l'arrêt du massacre des éléphants ", a estimé Carlos Drews, directeur du programme Global Species du WWF.
" Le crime contre la faune sauvage est un crime sérieux. L'ivoire vendu finance les groupes rebelles, les guerres civiles en Afrique centrale... Cela déstabilise la société. Des vies humaines sont en jeu. Des gardes forestiers sont tués ", a ajouté M. Drews.
Le Président Ali Bongo Ondimba a pour sa part appelé la communauté internationale à " faire pression sur les pays qui continuent le commerce " pour, a-t-il dit, " qu'ils comprennent que ce qui est en train de se passer est dangereux pour nous, pays d'origine. […] A partir du moment où il n'y a pas de demande, l'offre disparaîtra ".
FIN
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