18/03/2012

ALI BONGO ONDIMBA , UN PRÉSIDENT SANS LANGUE DE BOIS .

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Alors que certains lui reprochait souvent d'être avare en paroles, d'éviter la presse francophone par crainte des questions embarrassantes, le Président de la République Gabonaise s'est livré sans détours à travers une interview sans concessions de plus d'une demi-heure durant laquelle le journaliste Alain Foka n'aura épargné aucune question à Ali Bongo Ondimba.

Pour cette première interview accordée à un média français depuis son élection en 2009, Ali Bongo Ondimba n'a esquivé aucun sujet. Il a donné son point de vue autant sur de grands sujets d'actualité - Union africaine, CEMAC, organisation de la Coupe d'Afrique des Nations, élections présidentielles en France – que sur des points le touchant plus personnellement – l'affaire dite des biens mal acquis, les acquisitions immobilières de l'Etat gabonais à l'étranger - mais également bien sûr sur son ambition de faire du Gabon un pays émergent qui lui vaut sa stature de réformateur.


Morceaux choisis et décryptage


Mise au point sur les Biens Mal Acquis

Le Président Ali Bongo Ondimba n'a fait là que répéter la ligne qu'il a toujours soutenue : il ne détient pas de patrimoine personnel en France et son train de vie est lié au fruit de son labeur. La très grande majorité des hommes politiques au Gabon allient en effet leur mandat public et une activité secondaire. Dans le cas de l'actuel chef de l'Etat gabonais, il s'est agi d'investissements et de développement dans plusieurs entreprises.

Idem pour la Première Dame qui n'a d'ailleurs jamais hésité à financer en partie sur ses fonds propres des actions en faveur des défavorisés – femmes, orphelins, prisonniers, handicapés – à la tête de sa fondation au Gabon et bien au-delà, puisqu'elle est à l'initiative d'une résolution des Nations Unies instituant une « Journée Mondiale des Veuves » chaque 23 juin. Un sujet étrangement passé sous silence…

Et c'est bien là qu'Ali Bongo Ondimba a appuyé, se faisait l'écho de ce que de nombreux observateurs pensent en Afrique comme ailleurs : pourquoi uniquement trois chefs d'Etat africains pris pour cible ? Pourquoi n'arrive-t-on pas à concevoir qu'un Africain accède à la prospérité grâce à son travail ? Pourquoi dans le cas du Gabon une certaine presse ne se focalise-t-elle que sur ce sujet sans jamais couvrir par ailleurs le reste de son actualité ? Pourquoi n'est ce que dans le cas de l'Afrique que l'on pense pouvoir ainsi bafouer la souveraineté des Etats ?

C'est ce qu'Ali Bongo Ondimba a demandé : qu'on le juge sur ses actions, et non selon des clichés véhiculés.


La levée des fantasmes sur les acquisitions immobilières et les valises

Toujours dans la même veine, car les fantasmes ont la vie dure, le Président gabonais à une nouvelle fois rappelé que l'immeuble acquis en 2010 rue de l'Université à Paris l'avait été par l'Etat gabonais, qui en est donc le seul propriétaire, et qu'il s'agit là, somme toute, d'un investissement des fonds publics plutôt intelligent au vue du marché immobilier à Paris et comme le pratique de nombreux autres pays.

Il aurait également pu rappeler que depuis son ascension au pouvoir, il a mené une réelle politique d'ouverture économique du pays, qu'il s'est rendu ou a reçu ses homologues de Corée du Sud, de Singapoure, du Japon, d'Italie, de Suisse, du Royaume-Uni, d'Afrique du Sud, de Turquie et du Qatar pour ne citer que ceux là. Une réalité bien éloignée de la fameuse Françafrique que l'on nous sert sans cesse. Une politique qui a déjà permis depuis 2010 au Gabon d'attirer plus de 4 milliards de dollars d'investissements étrangers au profit d'une diversification et d'une industrialisation de l'économie nationale. Une politique qui a besoin d'une diplomatie forte et de vitrines susceptibles d'attirer encore plus d'investisseurs étrangers. Une politique au service du développement du Gabon.

Autre fantasme qui vole en éclat : les valises. De même que cela a été répété à maintes reprises dernièrement par plusieurs hommes politiques français, NON messieurs Raffarin en visite en juin 2011 au Gabon et Fabius au Gabon en janvier 2012 ne sont pas venus chercher ces fameuses valises. L'un a soutenu un partenariat entre le Gabon et HEC, l'autre est venu donner une conférence. Les points avaient été pourtant mis sur les « i » par les présidents Bongo Ondimba et Sarkozy en février 2010 : la page de la Françafrique est tournée. Le monde change, seul l'acharnement idéologique de bien-pensants attaché à des clichés surannés n'évolue guère.


La mise en œuvre d'une réelle politique de diversification des partenaires du Gabon comme expliqué au cours de cette interview est dans ce sens édifiante.


Une vraie vision pour l'Afrique

Moins intéressants pour ces détracteurs de l'Afrique, mais ô combien plus pertinent pour les Africains et ceux qui aiment ce continent, les déclarations du Président gabonais sur l'un des grands enjeux du continent noir : le devenir de l'Union Africaine.

Tel que l'a révélé récemment la réélection bloquée de Jean Ping à la tête de la commission de l'organisation, Ali Bongo Ondimba a rappelé que le véritable enjeux était l'indépendance de l'Afrique, en étant capable d'assurer elle-même son financement alors qu'actuellement plus de 60% de son budget provient de l'extérieur, et d'échapper à la tentation hégémonique d'un seul pays qui pourrait instrumentaliser l'UA à la seule poursuite de ses intérêts propres. Un reproche d'instrumentalisation il est vrai que l'on ne peut faire au Gabon avec les positions divergentes affichées publiques par Ali Bongo Ondimba et Jean Ping sur les crises libyennes et ivoiriennes.


Le réformateur

Enfin, et surtout dirons nous pour tous les Gabonais, il a été question des réformes que ne cessent d'engager le Président Ali Bongo Ondimba depuis maintenant plus de deux ans et qui lui a valu son surnom de « Tsu Ali ».

Et ce qui ressort à travers cette interview, c'est tout d'abord une méthode : celle qui privilégie le temps de la réflexion avant d'entreprendre avec vigueur, et souvent fermeté, les actions nécessaires pour faire du Gabon un pays émergent. Il en avait posé les bases dès sa caravane entreprise en juillet 2010 pour aller à la rencontre des populations de l'arrière-pays : « Je vais faire le point sur l'ensemble, puis j'aurai des réponses à vous donner, comme à tous les Gabonais. Depuis maintenant moins d'un an mon Gouvernement mène une importante politique de réformes. Mais cela prend du temps, car comme pour la construction d'une maison, il faut d'abord bâtir les soubassements. C'est un travail qui n'est pas visible, mais qui est essentiel. Bientôt, vous en verrez les résultats ».

Les résultats ont effectivement été constatés très rapidement. Selon les chiffres du FMI, la croissance a bondi de -1,4% à 5,6% en 2010, et 5,5% en 2011 dans un contexte économique mondial pourtant très difficile. Et les prévisions pour 2012 sont supérieures à 5%. Voici des faits qui parlent d'eux-mêmes.

L'autre pilier de cette méthode : la prise de décisions nécessaires pour le développement économique, y compris contre des intérêts anciens bien établis. La preuve en est la décision en 2010 d'interdire l'exportation de grumes pour pousser à l'industrialisation sur place de la filière bois. Décriée au début, cette décision a déjà entraîné en moins d'un an une augmentation de près de 20% des unités de transformation du bois et de plus de 40% du volume de bois transformé.

Mais les efforts du Président n'ont pas uniquement porté sur l'économie. La satisfaction des besoins des Gabonais reste un axe central de son action. A la question d'Alain Foka portant sur le retard pris dans la construction de 5 000 logements par an, Ali Bongo Ondimba a fait part d'une rare franchise pour un chef d'Etat en reconnaissant les nombreuses difficultés insoupçonnées et qui se sont révélées au fur et à mesure. Loin de se décourager et de se complaire dans l'attentisme, la réaction a été franche et salvatrice : limogeage des cadres du ministère de l'Habitat par ailleurs entièrement réorganisé, refonte complète de la politique cadastrale et foncière, simplification de la procédure pour l'obtention d'un titre foncier passant de 134 à 7 étapes, création d'un Conseil National de l'Habitat et élaboration de plans d'urbanisme pour l'ensemble du territoire national.

D'autres exemples, au grand damne des partisans de l'immobilisme et du scepticisme, pourraient être cités dans tous les secteurs économiques et sociaux, de la santé et de l'éducation en passant aux infrastructures, d'une meilleure gestion des ressources naturelles du pays à une réelle politique d'investissement national avec la création d'un fonds stratégique gabonais.

Dernière pierre apportée à cet édifice qui semble s'élever inexorablement : le remaniement ministériel de février 2012 pour la formation d'un gouvernement resserré (diminution par deux du nombre de ministres depuis 2009 : qui dit mieux ?), orienté vers l'action où la compétence a primé pour les nominations sur toute autre considération.

Voilà donc le décryptage d'une interview sans langue de bois donnée par un chef de l'Etat qui préfère l'action aux grands discours et que l'on aimerait cependant entendre plus souvent. Car le Gabon est en plein changement et il faut le faire savoir.


MICHEL OGANDAGA  https://www.facebook.com/MichelOGANDAGA 


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